1.Les Prophéties angéliques Zacharie,
assidu dans son service au temple, est subitement visité par l’ange Gabriel (Luc 1:5-23). Cette rencontre s’annonce comme un tournant décisif dans l’histoire de l’humanité, marquant l’avènement d’une ère nouvelle. Il s’agit d’un Nouvel Exode, radicalement différent de celui vécu par Israël dans le désert, sur le point de s’initier. Gabriel annonce à Zacharie que sa femme, pourtant stérile, concevra un enfant, portant en lui l’esprit d’Élie. Peut-être en méditant sur les prophéties d’Ésaïe 40, qui annonçaient la venue du Messie (Ésaïe 40:11) et du messager précurseur (Ésaïe 40:3), Zacharie aurait sûrement compris qu’un homme puissant naîtrait pour purifier le temple, alors corrompu comme les églises le sont de nos jours. Il aurait entrevu l’avènement d’un Roi glorieux, apportant avec lui une ère nouvelle. Avec sa naissance, Israël retrouverait ses jours de splendeur, où chacun jouissait de sa propre terre, à l’instar des temps du roi Salomon, et se tiendrait de nouveau devant Dieu comme une précieuse possession, un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. Jean Baptiste fut conçu par Elisabeth, autrefois infertile, et naîtra.
Six mois plus tard environ, nous rencontrons une deuxième prophétie angélique lorsque l’ange Gabriel apparaît à une jeune fille nommée Marie et annonce la naissance de Jésus. Dans le message, comme le note le médecin Luc, « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de son ancêtre David… Il sera appelé Fils de Dieu. » La lignée terrestre de Jésus remonte à David, comme l’avait déjà prédit le prophète Nathan concernant sa dynastie dans 2 Samuel 7:16-17. Ici, le Roi Jésus émerge comme celui qui apporte le Royaume qui durera éternellement, descendant de la lignée de Salomon (celle de David). C’est pourquoi Matthieu 1:1 désigne Jésus comme « le fils de David et le fils d’Abraham. » Il n’est pas alors étonnant que Jésus soit né à Bethléem, lieu de naissance de David lui-même. Michée 5:2 l’avait également prophétisé, déclarant: « Et toi, Bethléem Éphrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël, et dont les origines remontent aux temps anciens, aux jours éternels. »
2. La mission de Jean Baptiste Jean Baptiste,
le dernier prophète de l’Ancien Testament, fut choisi par Dieu pour annoncer la venue du Messie, celui qui inaugurerait une ère nouvelle. Telle une figure à cheval entre les époques, il incarne le lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Sa mission s’accomplit lorsque, selon l’Évangile de Luc, «…il parcourut toute la région voisine du Jourdain, prêchant un baptême de repentance pour le pardon des péchés » (Luc 3:1-3). Revêtu d’un manteau de poils de chameau, un symbole puissant évoquant le souvenir du prophète Élie, le manteau de Jean symbolise à son tour l’onction divine. Par ces paroles, Jésus relie Jean à Élie en disant : « Si vous voulez comprendre, c’est lui, Élie, qui devait venir. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ! » (Matthieu 11:14). Écoutons plutôt les enseignements de notre Seigneur Jésus, qui nous assure que le retour d’Élie, prophétisé par Malachie, s’est accompli en la personne de Jean Baptiste que le mensonge de gens qui continue à voir Élie après Jean Baptiste.
Le message de Jean incarnait un appel solennel à la repentance nationale, invitant la nation d’Israël à se préparer à accueillir le Royaume de Dieu qui se profilait à l’horizon. La repentance, selon lui, impliquait un changement profond de mentalité. Il exhortait le peuple d’Israël en ces termes: « Modifiez votre perspective afin d’embrasser une nouvelle manière de penser. » Les Israélites étaient appelés à se repentir de leurs actes, conscients d’avoir transgressé l’Alliance sacrée qu’ils avaient conclue avec Dieu, selon laquelle, comme l’a proclamé le prophète Moïse : « Le Seigneur votre Dieu vous a choisis, vous, parmi tous les peuples de la terre, pour être son peuple, sa possession particulière » (Deutéronome 7:6). Le baptême institué par Jean était intimement lié à ce processus de repentance, exigeant un changement de comportement profond, une transformation intérieure. Contrairement à la pratique répandue dans nos églises contemporaines, où l’on promet le ciel à nos membres tout en tolérant leur persistance dans une vie mondaine ici-bas, Jean Baptiste insista sur la nécessité d’une transformation authentique et complète de l’individu et son alignement avec la volonté du Dieu vivant. Il était un messager inflexible, désireux de voir les individus, qu’il qualifiait de « race de vipères », émerger de la banalité de leur existence quotidienne et se conformer au dessein eschatologique divin (Matthieu 23:33).
Le lieu choisi par Jean pour mener son ministère revêt une grande importance. Il opte pour le fleuve Jourdain, dans la région de Béthanie. Le Jourdain est la porte par laquelle les Israélites entrèrent dans la terre promise, guidés par le général Josué. Le retour de Jean au Jourdain pour sa mission annonçait donc un nouveau commencement pour Israël, tel un Nouvel Exode. Israël se retrouvait face à son ancienne mission inachevée: celle de détruire le mal et d’étendre le Royaume de Dieu dans le monde. Jean préparait le terrain pour l’arrivée de Jésus, le nouveau Josué, puisque Jésus est la forme grecque du nom de Josué. En hébreu, Jésus est appelé Yeshua HaMashiach. « Yeshua » signifie « salut » ou soit « Yahweh sauve », tandis que « HaMashiach » désigne « le Messie ». Jésus, tel un nouveau Josué, offrirait à Israël et à l’humanité un nouveau départ, les aidant à réaliser le dessein divin pour la création. Nous, disciples de Jésus, par notre repentance, suivons le chemin d’Israël ancien en traversant symboliquement les eaux du Jourdain pour entrer dans le Royaume de Dieu, purifiés et prêts à être le sel et la lumière du monde. Nous sommes tous appelés à proclamer l’Évangile du Royaume de Dieu à toutes les nations avant le retour de notre Roi pour juger le monde. Ne sous-estimons donc jamais l’importance de la mission de Jean. Jean le Baptiseur ne travaillait pas pour son ventre mais préparer le chemin pour le Messie.
3.La mission de Jésus – un Nouvel Adam et un véritable Israélite
Il existe une croyance selon laquelle Jésus aurait été le disciple de Jean le Baptiste avant de commencer sa mission. Que cela soit vrai ou non, peu importe. Ce qui est particulièrement intrigant, c’est que lorsque Jésus est venu vers Jean pour être baptisé, Jean lui a refusé ce baptême. Il savait que si Jésus était l’homme que Dieu lui avait révélé – le Messie – alors il n’avait pas besoin de se repentir. Au contraire, c’était à Jésus, le fils de Dieu, de baptiser Jean, et non l’inverse. Malgré le fait que Jésus n’ait jamais péché, Il s’est soumis au baptême de repentance. En s’identifiant avec un Israël pécheur, Jésus est devenu son représentant, s’inscrivant dans la tradition de Daniel et de Néhémie en reconnaissant le besoin de confesser le péché de la nation. Il va même plus loin en s’identifiant avec Adam – symbolisant toute l’humanité pécheresse.
En s’identifiant à l’humanité, Jésus est devenu le représentant de l’humanité et pris notre place. Lui, le juste, a pris sur Lui notre injustice. Il a enduré sur la croix la mort honteuse que nous, pauvres pécheurs, méritions. Par là, Il a satisfait à la justice de Dieu. Il a écrasé la tête de Satan, libérant les gens de son emprise de mort afin qu’ils puissent entrer dans leur vocation de refléter l’image de Dieu. N’oublions jamais que Dieu prend Son image en nous très au sérieux. Lorsque les enseignants 3 de la loi et les chefs des prêtres envoyèrent des espions pour tenter Jésus, ils lui posèrent une question concernant le paiement de l’impôt à César. Jésus les déjoua en leur demandant à leur tour à qui appartenait la pièce qu’ils lui avaient montrée, ainsi que quelle image et quelle inscription elle portait. Les interrogateurs répondirent qu’il s’agissait de l’image de César sur la pièce, et alors, Jésus leur répondit avec leurs propres mots : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Luc 20:21-25). Ainsi, il nous rappelle que l’image de Dieu que nous portons en nous-mêmes doit être rendue à Dieu, tout comme l’image de César sur la pièce doit être rendue à César » (Saint Augustin). En d’autres termes, cela pourrait signifier: Honorez César en tant que César en lui payant des impôts, car vous utilisez son image imprimée sur l’argent que vous utilisez pour acheter, et parce que l’esprit de Dieu habite en nous, nous devons à Dieu, notre Créateur, Son adoration.
Alors que Jésus émergeait des eaux, les cieux s’ouvrirent et une voix retentit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Matthieu 3:17). Cette confirmation de sa filiation, accompagnée de la descente du Saint-Esprit sur Lui, démontrait que Jésus était un fidèle Israélite, le premier-né de Dieu chargé de maintenir l’alliance et de rétablir la relation entre les hommes et Dieu. Il y avait autrefois une relation parfaite entre Adam et Ève, brisée par le péché dans le jardin d’Éden, ainsi qu’une parfaite communion entre Adam, Ève et Dieu, également ternie par le péché. En venant dans la chair et le sang, Dieu incarné en Jésus s’employait à restaurer ces liens. Jésus vint pour nous montrer comment les êtres humains peuvent interagir harmonieusement. Une fois ces relations rétablies, il trouverait aisément la voie pour accomplir sa triple mission : multiplier, remplir la terre et régner. Mais comment s’y prendrait-il ? C’est là que la Grande Commission de Matthieu 28:16-18 revêt toute sa signification, souvent négligée par l’Église jusqu’à ce jour. Cette commission de Jésus d’aller dans le monde entier avec l’Évangile élargit le mandat initial donné à Adam (et Ève): multiplier, remplir et gouverner la terre (Genèse 1:28). Dans le contexte du Nouveau Testament, la tâche de multiplier, remplir la terre – répandre l’image de Dieu- et régner, qui était confiée à Adam et Ève, revêt une dimension spirituelle.
Jésus a passé 40 jours dans le désert comme Israël a passé 40 ans dans le désert. Israël a péché dans le désert en murmurant contre Dieu, mais Jésus a triomphé du diable dans le désert. Jésus a été conduit à travers l’eau lorsqu’il a été baptisé par Jean, tout comme les Israélites ont été conduits à travers la mer Rouge.
Tournons-nous donc vers Jésus comme notre modèle parfait. Jésus s’est engagé à vivre selon la Parole de Dieu, à placer une confiance totale en Lui, refusant de se détourner du Père, mais L’aimant et Le servant exclusivement. Bien que la chair puisse désirer la satisfaction, que le monde puisse nous attirer de manière séduisante, et que le diable lui-même puisse promettre un pouvoir inimaginable, le Dieu aimant d’Israël, que Jésus connaissait comme Père, offre la véritable réalité de ce que signifie être pleinement humain, être un authentique Israélite et le Messie. Nous avons un Israélite fidèle venu faire ce que Dieu a toujours voulu qu’Israël fasse pour apporter la lumière au monde. Fidèle à Son Père et à Sa mission, Il a bravement confronté la rébellion humaine et a inauguré un nouveau chemin vers la réconciliation avec Dieu.
(Certaines idées dans ce texte sont tirées de la leçon de School of Leadership and Theology, d’autres du livre de Wright intitulé « The Mission of God: Unlocking the Bible’s Grand Narrative », et de Joel B. Green, un érudit du Nouveau Testament).